Esomir regarda le nain entrer du coin de l'œil sans y prêter attention, il était trop occupé à faire ses calculs et previsions au comptoir. "si j'ai cassé trois chemins et tué deux squelettes, ai-je assez de matos pour agrandir ma maison... un peu de pierre serait pas mal pour des fondations solides"

Il se gratta le menton perplexe et contina de marmonner. "si je prie bien Yourick, un petit détour à la mine devrait.."

Mais que fait ce nain à rester immobile? Ça ne leur ressemble pas, ils ont toujours un truc a faire, une idée en tête, ou une histoire à raconter. "Celui là je ne le reconnais pas" pensa Esomir.

De toute façon ils se ressemblent tous, on leur donne pas d'age, allez savoir si c'est un garçon ou une fille déjà.

Bonjour cher(e) ami(e) ! Comment vous appelez-vous ?

Ne prêtez pas attention à ces vampires, ils ne mordent pas. Pas dans la taverne en tout cas, et rarement les nains de toute façon.

Bonjour cher ami ! Comment vous appelez-vous ?

Le nain sursauta presque. Il n'avais pas vu l'étranger s'approcher de lui.

Sans chercher plus que ça à détailler l'inconnu qui venait de l'apostropher, il répondit rapidement, bien heureux d'avoir trouver quelqu'un à qui causer :

Salut...heu.....je suis Husk. Husk Varna. Et... heu....

Ben c'était tout. Puisqu'au final, c'était tout ce qu'il savait. En plus d'être un nain. Le reste ? Quedal. La question lui brulait tellement les lèvres qu'il la posa sans attendre :

Vous pouvez me dire où on est ? C'est quoi ce monde ? Je me rappelle plus de rien, c'est normal ?

Bon, d'accord, trois questions. Mais c'était proportionnel à l'état d'égarement de Husk. Et une petite quatrième pour la route, non parce que le nain n'était pas un sauvage non plus !

Et...c'est quoi votre nom du coup ?

Esomir se souvint qu'il fut lui aussi dans un état similaire, hagard et apeuré. Il avait marché deux jours entiers dans le désert avant d'oser le contact.

"Ce nain est déjà bien téméraire" pensa-t-il, a-t-il réellement besoin d'aide ?

Je m'appelle Esomir Gaubert, je suis un humain. Je ne viens pas de la même planète que vous. Les autres créatures que vous voyez viennent de mondes différents aussi. Quand à cette planète, elle n'appartient à personne…

Il marque une pause. Maintenant qu'il a commencé son explication, Esomir se dit qu'il ne pouvait pas laisser ce pauvre nain ainsi en suspens. "Terra m'a peut-être endurci mais mon cœur n'est pas de pierre pour autant. Et on ne sait jamais, Husk pourrait faire un bon allié...

Ce monde est le théâtre de dieux capricieux et nous en sommes les marionnettes. C'est un peu simplifié, chacun possède son libre arbitre mais vous comprendrez vite que certaines choses sont impossibles, d'autres obligatoires. Et ce qui valait hier n'est pas forcément valable aujourd'hui !

Le nain semblait toujours aussi perplexe, ses yeux allaient dans tous les sens mais il ne semblait regarder nul part.

Ne laissez pas vos souvenirs vous encombrer, l'environnement ici est assez hostile pour vous tourmenter. Heureusement certains d'entre nous ont créé des communautés. Je fais partie d'une principauté qui accepte toutes les races ainsi que tous les dieux. Je pourrais vous y escorter si vous le souhaitez. Vous y trouverez de quoi boire, manger, prier et dormir. Ainsi vous aurez tout le loisir de chercher les réponses à toutes les questions qui, j'imagine, trottent dans votre tête.

Les informations reçues eurent le don d'augmenter le mal de tête que le nain avait depuis de nombreuses heures. Presque à lui en faire tourner la tête. Alors ainsi, tout ceux que Husk viendrait à croiser dans ce désert viendraient d'une autre planète, d'un autre endroit ?

Bigre !

Puis arrivèrent les informations sur la vie dans le désert. Ce fut le mot hostile qui attira le plus son attention. C'était clair qu'il ne s'attendait pas à ce que la vie dans ce genre d'environnement soit des plus faciles, mais bon... hostile. Il y avait donc des communautés qui avaient été créés ? Sans doute pour augmenter les chances de survie. Pas bête.

Ben d'abord, merci pour les informations, Esomir.

Il l'avait appelé par son prénom sans même réellement s'en rendre compte. Husk, quoi qu'il eut été avant, était du genre chaleureux.

Vous faites partie d'une... principauté, c'est ça ?

Un truc avec un prince ou une princesse, quoi.

Ecoutez, oui, votre proposition peut m'intéresser. Il y a une chose que je sais, c'est que je sais couper des arbres. J'ai même l'air plutôt doué. Pour le moment, j'en sais pas plus. Ça viendra peut-être plus tard ?

Comment fait-on pour venir chez vous ? Je dois remplir des papiers ? Passer des tests ?

Ou autre chose plus lubrique ? Non, ça, le nain préfèrerait ne pas y penser...

Avec plaisir ! Si vous êtes ici vivant c'est que vous avez déjà réussi le test des dieux. Ceux qui ont raté vous les reconnaitrez très vite, ils n'ont pas de peau! pas de muscles non plus! ce sont des squelettes voués à l'errance. Vous pouvez passer à côté sans soucis mais attention, si vous les touchez ils risquent de riposter.

Vous semblez avoir déjà rempli la paperasse, vous devriez déjà voir la direction de la capitale. Nos arbres vous attendent déjà !

Whoua ! Ainsi ce pauvre Husk était parvenu à réussir le test des Dieux ? C'était déjà ça de gagné.

Par contre, les squelettes....pas terrible. Le nain n'était pas peureux, enfin du moins le pensait-il, mais ce genre de détails ne le rassurait quand même pas trop. Et en plus de ces tas d'os, il était fort probable que d'autres dangers plus horribles les uns que les autres pouvaient être rencontrés au détour d'un arbre.

Les arbres, d'ailleurs : le Principauté semblait avoir une forêt pour que Husk prouve ses talents. Voilà qui lui donnait encore plus envie d'y aller.

Et bien... je vais attendre la nuit et me mettrai en route vers les coordonnées que vous m'avez indiquées, Esomir. Je préfère faire la route de nuit, ainsi je serai plus en mesure de me planquer au besoin. Quoi qu'il en soit, je tiens vraiment à vous remercier pour votre aide.

Et ce qui fut annoncé fut fait : Husk attendit la nuit pour se mouvoir dans le désert. Il était bien trop inexpérimenté dans l'art du combat pour prendre le moindre risque.

Il avait ouï dire que dans ces contrées, certains barbares se délectaient de tuer et piller tout ce qui bougeait. Il n'avait pas l'envie de croiser la route de l'un de ces dévoyés sans scrupules...

A ce rythme, il lui fallut deux nuits pour parvenir à la cité de la Principauté, sans encombre.

Il fut accueillit chaleureusement.

Une nouvelle vie dans sa nouvelle "famille" allait commencer !