Zméralda se baladait en zigzaguant dans le désert, zifflotant l'esprit léger quand soudain :

"Aaaaah mais qu'est ce que z'est que cette horreur !" Pensa Zméralda, plizzant les yeux pour mieux observer ce qu'elle prit d'abord pour un mirage obscène.

La femme avait un visage déformé, violacé, elle se déplaçait d'un pas trainant en grognant toute seule. Elle découvrait des gencives blêmes pour montrer ses dents pourries, comme une bête féroce. Nerveuse. À l'affût.

Elle sembla humer l'air, puis avec un cri et une vitesse surhumaine elle se jeta sur un squelette qui passait par là.

"Mais... z'est une zozo... une zozo... une zzzombie !" balbutia-t-elle en zozotant ! (Ou peut être qu'elle zozota un balbutiement).

Zméralda réprima un frisson, pendant que l'horrible goule violette commencait à ronger les os du squelette qu'elle venait d'écarteler avec une facilité déconcertante.

Profitant que la zombie était distraite par son encas riche en calcium, elle se décida à tenter une attaque surprise. Elle lui sauta sur le râble par l'arrière.

Elle parvint à blesser la créature à plusieurs reprises, mais son cuir violacé était sacrément coriace. Et surtout les lames de Zméralda ressortaient des plaies sans même une goutte de sang.

La goule gronda et envoya Zméralda dinguer dans le sable d'un simple revers de son bras décharné.

Sentant que son combat était perdu d'avance, Zméralda laissa tomber son attaque. Puis elle s'enfuit dans le désert, espérant ne plus jamais croiser pareille horreur...

Mais peut-être que l'horreur Elle n'avait pas fini de croiser des gens...

Beuuuuh...Docteur dit à moi...Attention...Grrrr...Vampizette...Vilaine...

Vampizette dérangée moi...Grrrrr...Mais moi bien mangée...

Vampizette trop maigre !! brrrrrrrr...toi devoir manger encore...Vouloir bras de copain...?

Toi prendre des forces...Bouaaaaaaaaaaa...Comme ca moi manger toi un jour...

Le Zombie repart dans sa recherche de nourriture...

En s'enfuyant Zméralda crut percevoir... des mots ? La zombie parlait ? Enfin s'exprimait dans un mélange d'articulations exploratoires et de borborygmes éructatifs... mais un langage tout de même !

En tendant l'oreille elle se dit que certains accents de ce charabia sonnaient parfois... amicaux ?

Elle chassa cette pensée d'un revers de l'eprit et reprit son sprint à travers les dunes.

Il y a des mystères dans le désert, les soirs de pleine lune, qu'il vaut mieux laisser loin derrière soi, même lorsque l'on est une vampire...

Bwaaaaa...Vampizette...Toi mangé ?? ... Grrrrrr ... Toi beaucoup bouger ... Bouarg ...

A bientôôôôôôôôt ... Miam miam ... Rrrrrrrrr

Zméralda s’était réveillée avec une migraine à faire pâlir un mort — ou au moins le faire se relever pour demander du Doliprane. Elle passa une main dans ses cheveux pour en déloger les touffes de sable qui s’y étaient incrustées, façon exfoliant du désert (hautement déconseillé par tous les dermatologues vampiriques).

Elle baissa les yeux. Sur son bras : une marque nette. Une morsure. Humaine.

Ou à peu près.

En un éclair elle comprit : l'apparition de la veille, la zombie qu'elle avait attaqué par surprise, elle l'avait pourchassée, retrouvée et mordue...

« Aaaaah non ! Pas za ! Pas MOI ! » gémit Zméralda en agitant frénétiquement les mains comme si la panique pouvait s’éloigner par claquement d’air.

Elle sentit un frisson. Pas le frisson de la peur. Non. Le frisson… de la faim ?

Son regard se posa sur une souriboise qui passait par là. Elle l’observait. Zméralda l’observait aussi. Elle sentit ses canines pousser.

« Si ze me transforme ze deviendrai une vampirombie ou une zombire ?" Se demanda-t-elle très avec un effroi pragmatique...

Mordue par une goule... peut-être la transformation était déjà initiée...

Zméralda eut une idée : elle avait entendu parler d'un docteur étrange qui avait son laboratoire quelque part dans le grand désert, Peut-être si elle allait le rencontrer, serait-il à même de l'aider...